Honoré doit rester en France !

Publié le par Vespa

Monsieur le Préfet de Seine et Marne,

J’apprends ce jour que vos services ont tenté à plusieurs reprises d’expulser Honoré, camerounais[1], qui a abandonné son pays, sa famille, ses proches, parce qu’il est homosexuel.

Je découvre également avec effarement qu’une procédure de recours auprès de la Cours nationale du droit d’asile (CNDA) n’est pas suspensive à l’arrêté d’expulsion que vous avez signé.

Une question sur la forme : pourquoi n’avez-vous pas intégré avant votre décision celle de la CNDA du 2 mars 2007 reconnaissant les persécutions dont sont victimes les homosexuels au Cameroun ?[2]

Sur le fond : J’entends déjà l’argument fallacieux « La France n’a pas vocation à accueillir toute la misère du monde » décliné en « La France n’a pas vocation à accueillir tous les homosexuels persécutés dans leur pays ».

D’une part : je vous invite à taper dans n’importe quel moteur de recherche « homosexualité Cameroun » et à imaginer ensuite ce que peut être dans ce pays le vécu d’hommes et de femmes déclarés comme tel.

D’autre part, Honoré aurait pu choisir d’aller vivre ailleurs, là où les homosexuel(l)s disposent de droits efficients[3]. Honoré à choisi notre pays comme terre d’asile. Il parle notre langue. Osons considérer que c’est un juste retour des choses. Les Camerounais n’oublieront jamais que leur territoire était un « protectorat français » entre 1914 et 1946, puis qu’il fut placé sous la tutelle de notre pays de 1946 à 1960 ; soit près d’un demi-siècle d’autorité !

Aussi, je vous demande donc instamment d’user de la vôtre pour abroger l'arrêté préfectoral de reconduite à la frontière pris à l’encontre d’Honoré.

De plus, considérant, d’une part, que la perspective d’un changement de politique humaniste au Cameroun n’est pas pour demain ; et que, d’autre part, Honoré demeurera homosexuel et qu’il n’a pas à vivre le calvaire de la procédure de recours devant la CNDA, je vous demande de lui attribuer non pas une « autorisation provisoire de séjour », mais un véritable titre de résident, de 10 ans.

Dans l’attente d’une issue heureuse, soyez assuré, Monsieur le préfet, de l’expression de ma haute considération.



[1] Référence de l’APRF : 10-77-00785

[2] CRR, 2 mars 2007, 578257 : CAMEROUN : effectivité avérée des poursuites à l’encontre des homosexuels depuis 2006 – législation camerounaise punissant les rapports homosexuels , d’une peine d’emprisonnement et d’une amende - personnes revendiquant leur homosexualité et entendant la manifester dans leur comportement extérieur, pouvant être exposées, de ce fait, dans le contexte actuel, tant à l’exercice effectif de poursuites judiciaires, qu’à des violences policières - craintes que peut raisonnablement éprouver le requérant, du fait de son comportement en cas de retour, devant être regardées comme résultant de son appartenance à un groupe social (oui) .

[3] A ce jour, dix pays ont légalisé le mariage homosexuel : l’Afrique du Sud, l’Argentine, la Belgique, le Canada, l’Espagne, l’Islande, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal et la Suède auxquels s'ajoutent la ville de Mexico, cinq états des Etats-Unis et Washington. En France nous en sommes toujours à des considérations éthiques et à des atermoiements !

Publié dans Humeurs

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